Quels sont les secteurs les plus concernés par la révolution IoT ?
Pratiquement tous les grands secteurs d’activité possèdent des problématiques auxquelles ...
Pratiquement tous les grands secteurs d’activité possèdent des problématiques auxquelles ...
Qu’est-ce qui distingue l’IoT à destination des entreprises des objets connectés visant le grand ...
Composant clef des projets d’IoT, la plateforme permet aux entreprises de valoriser les ...
Technologie phare de la transformation digitale, l’Internet des Objets porte de nombreuses promesses pour les métiers. Leur concrétisation passe souvent par la collaboration avec ses startups. Comment mettre en place les conditions d’une innovation fructueuse ?
Aujourd’hui, aucun secteur n’échappe à la transformation numérique. Confrontées à des marchés de plus en plus concurrentiels, les entreprises ont besoin de se transformer pour devenir plus agiles et plus efficientes. La mise en place de technologies innovantes, comme l’Internet des Objets (IoT) leur permet de répondre à ces enjeux. Bien souvent, cette mutation est souhaitée par les métiers : ces derniers perçoivent le potentiel de technologies comme l’IoT pour augmenter la valeur des services qu’ils proposent.
Beaucoup de projets IoT ont vu le jour dans l’industrie, autour de cas d’usage comme la maintenance prédictive ou le suivi en temps réel de la production, sources d’économies pour les entreprises. Cependant, l’impact de l’IoT n’est pas seulement financier : il peut transformer toute la chaîne de valeur.
En France, beaucoup de marchés industriels sont ainsi partagés entre trois ou quatre PMI (petites et moyennes industries). « Si un jour un concurrent surgit, proposant les mêmes produits moins chers, ces entreprises n’ont d’autre choix que d’innover », souligne Bertran Ruiz, directeur général de l’IoT Valley. Un fabricant historique de chariots de supermarché peut par exemple concevoir un chariot connecté, capable de reconnaître les produits et d’éviter le passage en caisse.
Dans une présentation pour la plateforme Genesis, Ludovic Le Moan, président de l’IoT Valley et PDG de Sigfox, évoque aussi le cas des fabricants d’électroménager. « En embarquant des capteurs dans leurs appareils, ces entreprises peuvent permettre à n’importe quel acteur de proposer des services de maintenance prédictive en direct, supprimant au passage des intermédiaires comme le service après-vente des distributeurs. »
À l’heure actuelle, d’autres domaines explorent de manière active des cas d’usage de l’IoT. C’est le cas notamment du bâtiment, avec le concept de « smart-building », des bâtiments intelligents dans lesquels des capteurs permettent d’ajuster la lumière, le chauffage ou les interventions d’entretien en fonction de l’occupation des salles.
Plusieurs services se développent aussi autour des villes intelligentes, comme les parkings connectés, qui permettent d’optimiser l’occupation et de faciliter le quotidien des conducteurs, ou des boîtiers connectés capables de collecter des indicateurs factuels sur l’environnement pour les corréler au bien-être ressenti par les habitants.
Parmi les autres secteurs à la pointe sur l’IoT figure la distribution d’eau et d’énergie, avec les compteurs connectés ou les réseaux intelligents capables de détecter les fuites.
L’Internet des Objets présente également des opportunités intéressantes pour l’agriculture ou les transports. « La moitié des camions roulent aujourd’hui à vide pour aller chercher leur cargaison : mieux mesurer le monde physique peut permettre de le rendre moins bête et de réduire le gaspillage », illustre Bertran Ruiz.
Autre gros marché potentiel pour l’IoT, le domaine médical rencontre des enjeux législatifs complexes à adresser, qui freinent la mise en œuvre des projets, notamment toutes les questions autour de la protection des données de santé.
Avec l’accessibilité de plus en plus grande des technologies, de plus en plus de domaines s’intéressent à l’IoT. Pour Ludovic le Moan, « tous les secteurs peuvent envisager des cas d’usage autour de l’IoT, dès lors que les capteurs et la connectivité affichent un coût d’entrée très faible. Dans la mode par exemple, cela peut avoir du sens de connecter un sac à main de grande valeur afin d’offrir une protection contre le vol. »
Si les métiers reconnaissent aisément les apports de l’IoT pour les aider à résoudre leurs problématiques, bien souvent, ils ne savent pas par où commencer pour mettre en œuvre ce type de technologie, en particulier dans les ETI. Selon une étude menée par Bpifrance auprès des dirigeants de PME, la complexité des sujets (pour 34% des sondés) et le manque de compétences (32%) sont ainsi les premiers freins à la transformation digitale.
Dans les grands groupes, c’est davantage l’organisation et la culture qui ralentissent l’innovation. « À travers l’innovation, c’est la valeur future de l’entreprise qui se joue : ce postulat qui semble évident n’est pourtant pas acquis par beaucoup d’entreprises, qui fonctionnent encore sur la préservation d’une rente », analyse Bertran Ruiz.
En outre, les projets numériques se retrouvent souvent au cœur de divergences, avec d’un côté la DSI qui doit préserver une certaine stabilité, de l’autre des métiers qui souhaiteraient innover, mais ne prennent pas toujours les précautions nécessaires en termes de sécurité. Cette situation mène souvent au statu quo.
Pour innover, les entreprises ont donc besoin de partenaires plus agiles, notamment des startups.
Dans un rapport sur l’open innovation (interopérabilité, standards ouverts), l’ AIOTI (Alliance pour l’innovation autour de l’Internet des Objets), organisation créée par la Commission européenne en 2015 pour soutenir l’écosystème IoT, estime que « des pilotes sur large échelle sont indispensables pour faire passer à l’étape suivante des propositions de valeur qui ont besoin d’être démontrées dans un environnement complexe et réaliste ».
Dans les faits, les entreprises peinent à franchir le pas du déploiement, même en collaborant avec des startups. Ce constat est tout aussi valable dans le BtoB que dans le BtoC, dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI) que dans les grands comptes. Tous ont les mêmes difficultés à se structurer pour aller plus vite vers le stade de déploiement. « Si les entreprises n’abordent pas leur innovation de manière ambitieuse, cela provoque des blocages. Elles se retrouvent alors avec plein de prototypes Proof-of-Concept (PoC) qui n’aboutissent pas et ne passent jamais au stade du déploiement », observe Bertran Ruiz.
Il faut en moyenne 3 ans pour qu’une entreprise acquière une certaine maturité en matière d’innovation, c’est-à-dire pour qu’elle puisse aller au-delà des pilotes et passer à la vitesse supérieure.
Pour pouvoir lancer une dynamique d’innovation de manière durable, plusieurs points doivent être pris en considération.
Pour une entreprise qui souhaite intégrer l’IoT dans sa transformation numérique, il est préférable de commencer par des projets internes, de préférence pas trop proches du cœur de métier, afin de ne pas avoir à gérer des impacts organisationnels complexes.
« Le plus simple est de regarder ses propres opérations afin d’identifier des points douloureux. Créer de la valeur pour ses clients est une autre étape, plus délicate à mener. L’idée est d’acquérir d’abord de l’expérience sur un processus en interne, pour aller petit à petit vers des cas d’usages plus risqués, mais avec des gains potentiels plus importants », conseille Bertran Ruiz.
Il est important de prévoir dès le départ des budgets spécifiquement dédiés au déploiement des futures solutions, « même si on ne sait pas encore en quoi celles-ci consisteront », insiste le directeur de l’IoT Valley. Pour Ludovic Le Moan, ce qui compte est d’initier le cycle vertueux.
« Des acteurs comme les collectivités locales, qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires, doivent trouver des partenaires qui peuvent fournir l’investissement de départ : banques privées ou publiques comme Bpifrance, voire du financement participatif (crowdfunding). »
Dès le début du PoC, il faut avoir le déploiement à l’esprit, en prévoyant les indicateurs nécessaires pour évaluer l’impact financier, les conséquences sur le plan des ressources humaines, les gains de temps potentiels... Il faut également penser aux formations à mettre en place pour les employés.
« Une erreur que font beaucoup de startups est d’accepter un PoC alors que rien n’est prévu pour la suite. Dans ces circonstances, le déploiement n’aboutit jamais », constate Bertran Ruiz.
« Lors du PoC, il faut dépasser les attentes. Il ne faut pas simplement se contenter d’atteindre l’objectif demandé », prévient Bertran Ruiz.
Après quoi, il faut communiquer en interne sur les résultats obtenus, par le biais de photos, de vidéos, de témoignages qui visent à susciter l’enthousiasme.
Au départ, l’innovation et la transformation numérique ont souvent été rattachées au département marketing ou à la communication. Cependant, pour aider les projets à atteindre le stade du déploiement, il faut mieux les confier à un comité d’innovation plutôt qu’à une direction isolée. Ce comité doit comporter des représentants de la direction générale, des Achats, de la DSI, du service juridique et des métiers.
« Les directions générales doivent absolument être sensibilisées à l’innovation, car celle-ci peut complètement changer leur modèle en l’espace de 3 - 4 ans. Elles ne peuvent pas la déléguer car celle-ci touche la vision stratégique de leur entreprise », insiste Bertran Ruiz.
De leur côté, la DSI et les Achats doivent redéfinir leur rôle. La DSI doit créer les conditions pour intégrer l’ensemble des services choisis par les métiers, tout en s’assurant de leur sécurité.
« Elle doit savoir adapter ses règles pour un pilote, afin de ne pas freiner les expérimentations. Si le budget prévu pour un PoC est de 10 000 €, il est déraisonnable d’exiger le respect de normes ISO par exemple, alors que cette contrainte est parfaitement envisageable pour le déploiement. », précise le directeur de l’IoT Valley.
La direction des achats doit veiller quant à elle aux délais de paiement : trop longs, ceux-ci peuvent étouffer dans l’œuf les startups.
Les questions de propriété intellectuelle ne doivent pas non plus être sous-estimées car elles sont vitales pour les jeunes pousses. Celles-ci ont besoin de brevets et de licences qui leur permettent d’envisager une exploitation commerciale. Au service juridique d’être vigilant pour ne pas verrouiller à l’excès un projet.
Autre facteur clef de succès, la présence dans ce comité de leaders opérationnels, des collaborateurs qui jouent un rôle moteur dans l’entreprise sans forcément occuper un poste de direction. Enfin, des partenaires clefs peuvent également être conviés.
En procédant ainsi, toute l’entreprise est impliquée dès le début des projets. « Le comité doit avoir des objectifs clairs, il ne s’agit pas simplement de dessiner une feuille de route. Il faut préciser les délais, le périmètre, les objectifs : par exemple, dans deux ans, nous voulons avoir déployé trois nouvelles solutions pour l’ensemble de nos sites industriels. », explique Bertran Ruiz.
Pour accélérer le déploiement de l’innovation, les entreprises ont besoin de partenaires capables de les accompagner sur le long terme, en particulier pour les projets IoT. « Dans ce type de projet, le cadrage est important, car il y a des aspects physiques à prendre en compte. Si le projet tombe dans la main des technophiles, il est condamné à péricliter. », souligne Bertran Ruiz.
Selon ce dernier, une erreur que commettent souvent les entreprises, en particulier les grands groupes, est de traiter la startup comme un prestataire plutôt que comme un partenaire : « Elles vont chercher à acheter une solution, au lieu d’aborder l’innovation comme un projet commun. »
Pour faciliter la collaboration avec les startups, les entreprises peuvent faire appel à des tiers de confiance, comme l’IoT Valley. « Ce n’est pas le métier d’une startup que de gérer le déploiement. Dans ce contexte, le rôle du chef de projet est clef. Quand le pilotage est effectué en interne, les équipes se retrouvent souvent prises dans des procédures complexes, qui ralentissent le projet et diluent les responsabilités. Pour pallier ces écueils, nous mettons à la disposition des entreprises des chefs de projet indépendants, habitués à travailler avec des startups et qui savent faire en sorte que les projets avancent », détaille Bertran Ruiz.
À retenir
Tous les secteurs peuvent bâtir des cas d’usage autour de l’IoT quand le coût d’entrée est faible.
L’innovation a besoin d’être structurée afin d’accélérer les déploiements.
Le pilotage de l’innovation doit être confié à un comité, sa mise en œuvre à un chef de projet connaissant les startups.
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