Définition simple de l'Internet des Objets (IoT - Internet of Things)
Qu’est-ce qui distingue l’IoT à destination des entreprises des objets connectés visant le grand ...
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Pratiquement tous les grands secteurs d’activité possèdent des problématiques auxquelles ...
Composant clef des projets d’IoT, la plateforme permet aux entreprises de valoriser les ...
Article rédigé à partir d'une interview menée avec Ludovic Le Moan, CEO de Sigfox et président de l'IoT Valley
Dans le contexte cette crise sanitaire mondiale sans précédent, où la moitié de la planète a été placée "sous cloche", et continue de l'être, où des milliers de morts continuent à être déplorés, de multiples projets IoT (Internet of Things) et applications mobiles ont été créés pour aider à régler la situation dans l'urgence. Certaines de ces solutions ont été vivement contestées alors que d'autres n'ont pas su répondre entièrement aux défis de la crise, alors qu'elles en avaient le potentiel, à quelques conditions près.
L'idée de cet article n'est pas de juger la bonne ou mauvaise gestion de cette crise pour lancer une énième chasse aux sorcières. Au contraire, l'objectif est d’évaluer avec sang-froid nos lacunes pour ensuite construire ensemble une meilleure gestion et anticipation des pandémies.
Début 2020, une de nos faiblesses révélée par la crise a été notre grande difficulté à réagir rapidement à cause de notre manque d'information et à l’extrême dépendance de la France aux importations. A ce titre, la crise économique a précédé voire a amplifié la crise sanitaire pour deux raisons. Premièrement, les politiques d'austérité de long terme dans le domaine de la santé ont eu pour effet la réduction du nombre de lits dans les services d’accueil et le dénuement des hôpitaux et donc ont eu un impact important dans la capacité d’accueillir les malades atteints par le virus. Deuxièmement, la France a manqué de matériels de base pour les malades, les soignants, les personnels de santé et ceux dans les maisons de retraite : masques, blouses, gants, gel, respirateurs, tests de dépistage, médicaments, etc. Elle a non seulement manqué de matériels (absence de stocks, mise à l'écart du principe de précaution) mais elle s’est ensuite révélée incapable de les produire à court terme pour endiguer les infections exponentielles de la COVID.
D'autre part, une autre de nos lacunes a résidé dans une croyance généralisée en un solutionnisme technologique béat, pour résoudre les symptômes de la crise, sans valider les usages réels en amont avec les principaux concernés. Un exemple parmi tant d’autres est celui de la préparation au déconfinement. En mai 2020, l'Assemblée Nationale et le Sénat ont décidé de déployer l'application StopCovid pour suivre les personnes qui pourraient être atteintes du Covid-19. L'intention était louable mais les obstacles sont restés nombreux. Les experts avaient pourtant pointé du doigt les limites techniques du bluetooth quand il s'agit de géolocaliser des individus, et nous n’avons pas non plus pris acte de l’expérience singapourienne, dont l'application analogue déployée avait été un échec. Résultat : avec ses 350 000 utilisateurs actifs - soit 0,5% de la population française - à J+10 du déconfinement, nous ne pouvons pas parler de "franc succès" de l'application (source : Le Monde, 10 juin 2020). A ce jour, elle aurait, selon les derniers chiffres disponibles, été téléchargée moins de 2,6 millions de fois, pour plus de 700 000 désinstallations.
La gestion du temps, des flux des individus et du matériel critique a donc un prix fort en temps de crise. Et nous l'avons payé. Face à un tel choc, il nous revient dès à présent de construire dès aujourd’hui le monde de demain avec de nouveaux modèles de développement. En somme, il convient de nous réinventer en changeant notre regard sur le monde qui nous entoure.
Face à un phénomène massif et mondial, avoir une visibilité en temps réel de la localisation des infrastructures critiques et des individus sans entraver nos principes fondamentaux est une question à la fois vitale et stratégique pour les intérêts politiques et économiques de notre pays.
Sans aucun doute, l'IA est aujourd'hui la meilleure candidate quand il s'agit d'optimiser des situations de flux complexes (France Stratégie, 18 septembre 2018).
Par exemple, prenons le cas d’école simple d'une situation du type "optimisation des stocks de masques et des flux de personnes dans le cadre d'une nouvelle pandémie mondiale". En quoi l'IA couplée à l'IoT permettrait à la fois d'anticiper le nombre de contaminations et de diminuer le nombre de décès potentiels?
Réponse possible : si à un moment M, nous savons qu'il n'y a que 100 000 masques disponibles sur un territoire X, une IA peut nous conseiller de les séparer en plusieurs lots optimisés, c'est-à-dire de donner 10 000 masques à l'hôpital Y, 5000 à l'hôpital Z, etc. Evidemment, la même logique est applicable sur l'allocation des lits disponibles, des respirateurs artificiels, etc. Aussi, outre l’optimisation de la géolocalisation des infrastructures critiques, l’IA couplée à l’IoT permet de suivre les fréquentations des lieux et les rencontres des personnes potentiellement infectées, le tout en respectant les règles imposées par la CNIL en France et par le RGPD sur tout le territoire européen.
Concrètement, il s’agirait de construire une plateforme d'IA éthique nourrie par l'IoT. L’IoT permet de récolter et de compiler des données « terrain » à moindre coût issues de capteurs disposés dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les transports en commun, etc. Dès lors, parce qu’alimentée par l’IoT, l'IA peut optimiser ces données via une plateforme « métier » dédiée pour orienter positivement les décisions liées à une crise sanitaire. Nous pourrions alors très bien imaginer des solutions pour soutenir l’activité du personnel soignant, comme celle d’une plateforme de partage inter-service des chambres et lits d'hôpitaux et des matériels critiques (respirateurs artificiels, masques, etc.). Nous pourrions aussi imaginer des solutions destinées aux professionnels de la logistique, comme celle d’une plateforme de gestion de l’approvisionnement des stocks de masques entre les différents hôpitaux dans le but d’éviter les abus, vols, les pertes et les dégradations.
L'enjeu de mêler IA et IoT est de récolter des données pertinentes en minimisant leurs coûts d'extraction pour focaliser les efforts sur l’agrégation, le croisement et la mobilisation des données critiques en cas d'urgence.
Inévitablement, pour empêcher que les intérêts particuliers ne l’emportent sur les usages, la logique doit être orientée "résolution de problème" avec une équation économique validée en amont. A ce titre, Un consortium et une norme parrainée par l'initiative des gouvernements est une condition imaginable pour créer ce système d’information.
La solution reviendrait à imaginer ensemble une plateforme de Business Intelligence, elle-même nourrie par une approche d'open data de données IoT. Nous pourrions alors inventer une plateforme de crowdsourcing de data européennes, en somme, qui contribuerait à une source globale de données de santé souveraines en Europe traitée par une IA.
A ce jour, les solutions numériques que nous employons dépendent fortement des géants américains, mettant ainsi à mal notre souveraineté numérique, économique et politique. En revanche, nous pouvons jouer collectifs pour une meilleure gestion des pandémies. Et pour y parvenir, nous devons gagner en créativité. Mais ce virage ne se fera pas sans souffrances.
Il y a une trajectoire que nous pourrions suivre, certes plus compliquée que celle de suivre celle déjà tracée par les GAFA ou BATX. Pour cela, nous devons fédérer nos efforts et non regarder le voisin avec mépris parce qu’il aurait inventé une approche différente. Nous pouvons bâtir ensemble ces solutions, en challengeant les idées avec pragmatisme et constructivisme, pour qu’elles profitent à l’Homme et non à quelques hommes.
Dans ce cadre là, nous parlons d'investissements en centaines de millions d'euros pour changer des choses et avoir un réel impact sur nos sociétés. En d'autres termes, nous n'avons pas besoin des milliards des Américains ni des Chinois : il faut simplement que nous sortions d'une logique passive et que nous misions sur les forces que nous avons en Europe.
Pour les semaines, les mois et les années à venir, nous ne pourrons plus faire comme si nous ne savions pas. D'un côté, les applications portées par les GAFA et BATX nous posent un problème de gestion des données individuelles et de dépendance à d'autres Etats, et de l'autre, si nous ne mettons pas en place une gestion du matériel critique pour endiguer une nouvelle crise, celle-ci nous frappera encore plus fort. La meilleure façon de s'y préparer en garantissant notre sécurité sans rogner sur notre souveraineté réside alors dans le couple IoT et IA associé à un projet européen d'envergure.
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